FR
Emile Ratier, cultivateur, quitte l’exploitation familiale pour le front en 1914. A son retour, il devient marchand de bois et sabotier. Des suites de la guerre, sa vue baisse progressivement jusqu’à la cécité en 1965,ce qui le plonge dans la dépression. Sur les conseils de son médecin, il se consacre alors à la fabrication de ses « articles de bois » à manivelles et mécaniques sonores. Ses thèmes de prédilection sont les machines agricoles (tarare, charrette, trieuse de grain), les animaux, mais aussi les manèges, les viaducs, les églises et… la Tour Eiffel. Son atelier est située dans une petite grange reliée par un fil de fer pour le guider jusqu’à sa maison, où vit quatre générations.
“A l’âge de 8 years old, j’ai fabriqué une bicyclette en bois, avec elle je descendais à ma prairie sans jamais me casser une jambe ni la tête ni les bras, à une vitesse de pas mal à l’heure. Ensuite j’ai fait d’autres bricoles : une brouette, des moulins à vent pour faire peur aux corbeaux, une petite voiture pour mon chien. Mes objets proviennent de mon cerveau et de mes mains, j’imite à peu près le fonctionnement des machines anciennes. C’est que des fois il faut un mois, deux mois, il y en a des bricoles à faire et des assemblages… j’aime pas que les choses traînent, il me tarde de savoir si ça fonctionne.“
Emile Ratier fait partie des adresses données par Jean Dubuffet à Alain Bourbonnais en 1972 pour la création de l’Atelier Jacob. Ce dernier, accompagné de sa famille, rendra régulièrement visite à Emile Ratier entre 1972 and 1977 et acquerra au fil des ans toute son œuvre. Ces visites étaient l’occasion de repas pantagruéliques dans la tradition du sud-ouest. Jean Dubuffet qualifiera ces expéditions de « bain de l’art brut », de « baptême par immersion ». Fasciné, Alain Bourbonnais lui consacra un court-métrage que vous pouvez visionner dans la salle de projection.
EN
Emile Ratier, a farmer, left the family farm for the front in 1914. On his return, he became a wood merchant and clog maker. As a result of the war, his eyesight gradually deteriorated until he became blind in 1965, which plunged him into depression. On the advice of his doctor, he then devoted himself to the manufacture of his “wooden articles” with cranks and mechanical sound. His favorite themes are agricultural machines (tarare, cart, grain sorter), animals, but also merry-go-rounds, viaducts, churches and… the Eiffel Tower. His workshop is located in a small barn connected by a wire to guide him to his home, where four generations live.
“At the age of 8, I made a wooden bicycle, with it I went down to my meadow without ever breaking a leg or head or arms, at a speed of quite a bit per hour. Then I made other things: a wheelbarrow, windmills to scare the crows, a little car for my dog. My objects come from my brain and my hands, I imitate more or less the functioning of old machines. Sometimes it takes a month, two months, there are odds and ends to do and assembling… I don’t like things to drag, I can’t wait to know if it works.
Emile Ratier is one of the addresses given by Jean Dubuffet to Alain Bourbonnais in 1972 for the creation of the Atelier Jacob. The latter, accompanied by his family, visited Emile Ratier regularly between 1972 and 1977 and acquired all his work over the years. These visits were the occasion for pantagruelian meals in the tradition of the Southwest. Jean Dubuffet described these expeditions as a “bath of art brut”, a “baptism by immersion”. Fascinated, Alain Bourbonnais devoted a short film to him that you can watch in the projection room.