FR
Pendant une trentaine d’années, François Portrat tient une droguerie, puis travaille dans une usine de produits chimiques à Aubervilliers. A 67 ans, il prend sa retraite et se lance dans la création en autodidacte. Créateur prolifique, il organise ses activités en fonction du climat. A la belle saison, il s’installe dans sa petite maison de campagne de l’Yonne où il métamorphose son jardin en théâtre baroque. Il envahit l’espace d’étranges sculptures en béton, recouvertes d’assiettes cassées et surmontées d’animaux. Il réalise également des arborescences et des médaillons qui intègrent parfois des photographies de ses idoles telles que Brigitte Bardot ou la Reine d’Angleterre… Pendant l’hiver, il rejoint le domicile de ses enfants à Bondy et y peint des tableaux d’une simplicité émouvante.
A sa disparition en 1976, son univers est menacé. La Collection de L’Art Brut à Lausanne et La Fabuloserie sauveront de la disparition plusieurs œuvres de cet environnement d’exception. Alain Bourbonnais avait été alerté sur l’existence de ce jardin merveilleux, situé à une trentaine de kilomètres de Dicy, par un habitant du Loiret. Il s’y rend aussitôt, mais François Portrat était décédé depuis un an. Il écrit donc à sa fille, qui lui répond : « Monsieur Portrat était en relation avec le Musée de Lausanne qui s’est montré, à la mort de mon père, acquéreur de beaucoup de pièces. Il en reste encore. Je leur écrit pour leur demander s’ils en désirent encore ou si cela leur suffit pour leur exposition. La ville de Lausanne a mit à la disposition des personnes s’intéressant à l’art brut, un château qui est devenu un musée de l’art brut. » Le musée de Lausanne en avait suffisamment, Bourbonnais put ainsi acquérir tout ce qu’il restait l’été 1977.
Il érigera, dans le parc, un mur-présentoir spécialement conçu autour des arborescences de Portrat. De son côté, à la suite d’un article dans L’Yonne Républicaine, cet environnement avait interpellé Bernard Lassus qui commençait ses recherches sur les Habitants-Paysagistes, des photos du jardin de Portrat furent présentées aux Singuliers de l’art. Il fut exposé en 1980 à la Collection de l’Art Brut à Lausanne, et un article parut en 1982 dans le Fascicule n°11 de l’Art Brut. Des médaillons de François Portrat ont été présentés en 2013 à l’exposition Un autre regard au musée Singer-Polignac du Centre hospitalier Sainte-Anne, désormais le MAHHSA. Les grandes tôles peintes de Portrat ont été choisies par Antoine Gentil pour son exposition au Consulat, lieu éphémère, festif et itinérant à Paris, lors de l’été 2018.
EN
For thirty years, François Portrat owned a drugstore, then worked in a chemical products factory in Aubervilliers. At the age of 67, he retires and starts to create as a self-taught artist. A prolific creator, he organizes his activities according to the climate. In the summer, he settles in his small country house in the Yonne where he transforms his garden into a baroque theater. He invades the space with strange concrete sculptures, covered with broken plates and topped with animals. He also creates trees and medallions that sometimes include photographs of his idols such as Brigitte Bardot or the Queen of England… During the winter, he goes to his children’s home in Bondy and paints pictures of a moving simplicity.
At his death in 1976, his world is threatened. The Collection de L’Art Brut in Lausanne and La Fabuloserie saved several works from this exceptional environment from disappearing. Alain Bourbonnais had been alerted to the existence of this marvelous garden, located about thirty kilometers from Dicy, by an inhabitant of the Loiret. He went there immediately, but François Portrat had died a year earlier. He therefore wrote to his daughter, who replied: « Mr. Portrat was in contact with the Lausanne Museum, which, after my father’s death, had acquired many pieces. There are still some left. I am writing to ask them if they still want some or if it is enough for their exhibition. The city of Lausanne has made available to people interested in art brut a castle that has become a museum of art brut. The museum in Lausanne had enough, so Bourbonnais was able to acquire all that was left in the summer of 1977.
He erected a specially designed display wall in the park around Portrat’s trees. Following an article in L’Yonne Républicaine, Bernard Lassus, who was beginning his research on the Habitants-Paysagistes, was interested in this environment and presented photos of the Portrat garden to the Singuliers de l’art. It was exhibited in 1980 at the Collection de l’Art Brut in Lausanne, and an article appeared in 1982 in Fascicule n°11 of Art Brut. Medallions by François Portrat were presented in 2013 at the exhibition Un autre regard at the Musée Singer-Polignac at the Centre hospitalier Sainte-Anne, now the MAHHSA. Portrat’s large painted sheets were chosen by Antoine Gentil for his exhibition at the Consulate, an ephemeral, festive, traveling venue in Paris, during the summer of 2018.