FR
Douzième enfant et seul fils d’une famille paysanne très pauvre, Giovanni Podesta fut élevé dans un monde exclusivement féminin ayant perdu son père dès son plus jeune âge. A 10 ans, il quitte l’école pour devenir aide-maçon. A 19 ans, il est mobilisé lors de la Première guerre mondiale et à 20 ans devient objecteur de conscience. En 1925, à l’âge de 30 ans, il se marie et travaille dans une fabrique de céramique.
Parallèlement à son métier, purement alimentaire, Podesta s’était mis à peindre et à créer des tableaux et des petits objets en plâtre peint, surchargés d’écriteaux portant divers messages moralisateurs d’inspiration anarchiste et religieuse: il en couvre les murs de son logement HLM. Il décore également le mobilier de sa salle-à-manger. Comme dans une église baroque, dominaient l’or, l’argent, la couleur rouge, mais cela sur des supports de pacotille : bois, cartons, bouts d’étoffes, papiers de chocolat. Avec sa longue barbe de prophète, sa canne sculptée et ses cravates peintes, Giovanni Podesta était devenu un personnage pittoresque de sa région. Il y était connu pour assister à tous les enterrements où, comme un prédicateur, il s’adressait aux gens en leur faisant la morale, se sentant investi d’une mission. Chaque vendredi saint, il accomplissait seul son chemin de croix en gravissant une colline.
C’est Jean Dubuffet qui fit connaître Podesta à Alain Bourbonnais. Ce dernier lui rendit plusieurs visites entre 1972 et 1976. Il apprit sa mort par sa fille qui souhaitait vendre les derniers objets et la salle-à-manger ornée par son père pour vivre dans des meubles modernes. On trouve aujourd’hui ses œuvres à la Collection d’art brut de Lausanne et dans la collection de Jean Tinguely : au Cyclop à Milly-la-Forêt.
EN
Twelfth child and only son of a very poor peasant family, Giovanni Podesta was raised in an exclusively female world having lost his father at an early age. At the age of 10, he left school to become a mason’s helper. At 19, he was mobilized in the First World War and at 20 became a conscientious objector. In 1925, at the age of 30, he got married and worked in a ceramic factory.
Alongside his job, purely food, Podesta had begun to paint and create paintings and small objects in painted plaster, overloaded with signs bearing various moral messages of anarchist and religious inspiration: he covers the walls of his housing. He also decorated the furniture of his dining room. As in a baroque church, gold, silver, red color dominated, but that on supports of junk: wood, cardboards, pieces of cloth, chocolate papers. With his long prophet’s beard, his carved cane and his painted ties, Giovanni Podesta had become a picturesque character of his region. He was known to attend all the funerals where, like a preacher, he would address the people and lecture them, feeling invested with a mission. Every Good Friday, he would walk up a hill alone on his way to the cross.
It was Jean Dubuffet who introduced Podesta to Alain Bourbonnais. The latter visited him several times between 1972 and 1976. He learned of his death from his daughter who wanted to sell the last objects and the dining room decorated by her father to live in modern furniture. Today, his works can be found in the Collection d’art brut in Lausanne and in Jean Tinguely’s collection at Cyclop in Milly-la-Forêt.