FR
D’une famille de tailleurs originaires d’Afrique du Nord et de Pologne, enfant il observe sa grand-mère, elle est chiffonnière aux Puces de Saint-Ouen, elle empile des vêtements et Michel pense à ceux qui les portaient, il se demande qui ils étaient. Il regarde aussi son père travailler, il est tailleur. Alors Michel se met au travail, il prend des bâtons, des chiffons, il fabrique des poupées, mais il les enterre… Et puis un jour, en voyant le film Nuit et Brouillard, il apprend ce qu’il savait inconsciemment : qu’il appartient au peuple qui a connu l’horreur, que tous ces morts sont là, tapis au plus profond de lui.
Lui aussi devient tailleur et travaille dans des ateliers du Sentier, puis voyage en Europe et en Asie pour rencontrer d’autres peuples, d’autres cultures. Dans tous les pays, il découvre que les poupées ont un pouvoir magique, qu’on leur demande de faire venir la pluie, de rendre les femmes fertiles, de soigner, d’exorciser les démons… A son retour, son atelier est peuplé de poupées trouvées aux quatre coins du monde. Un jour, une photographie le bouleverse elle représente la fête de Pourim dans un camp de transit en 1946. C’est un carnaval une fête, ce sont des juifs sauvés de l’extermination programmée. Tous déguisés, ils fixent l’objectif. Michel comprend alors le sens profond de la fête de Pourim : après avoir côtoyé la mort, on peut reprendre vie, c’est ce qu’enseigne la tradition. Le recours au rire, à l’absurde, à la dérision est vital.
Il découvre l’Atelier Jacob grâce à l’affiche d’Aloïse en 1972. En 1978, il exposera aux Singuliers de l’art et à l’Atelier Jacob. Michel commente : « Madeleine Lommel et Claire Teller, deux artistes autodidactes, ont visité cette exposition. elles étaient des habituées de l’Atelier Jacob où elles avaient déjà vu mes poupées. » Ces trois artistes, devenus amis, en 1982, lors de la fermeture de l’Atelier Jacob, décidèrent de créer l’Aracine. En fait, c’est l’histoire de Michel et les femmes… d’Aloïse, à Madeleine en passant par Caroline. Ayant rejoint, en 1981, la Collection de l’Art Brut, les Fascicules 16 et 26 présentent son oeuvre.
EN
From a family of tailors originating from North Africa and Poland, as a child he watches his grandmother, she is a ragpicker at the Saint-Ouen flea market, she piles up clothes and Michel thinks of those who wore them, he wonders who they were. He also watches his father working, he is a tailor. Then Michel starts to work, he takes sticks, rags, he makes dolls, but he buries them… And then one day, by seeing the film Night and Fog, he learns what he knew unconsciously: that he belongs to the people who knew the horror, that all these dead are there, hidden deep inside him.
He too becomes a tailor and works in the workshops of the Sentier, then travels to Europe and Asia to meet other people, other cultures. In every country, he discovers that dolls have a magical power, that they are asked to bring rain, to make women fertile, to heal, to exorcise demons… When he returns, his workshop is filled with dolls found in the four corners of the world. One day, a photograph upsets him : it represents the Purim festival in a transit camp in 1946. It’s a carnival, a party, it’s Jews saved from the programmed extermination. All dressed up, they stare at the camera. Michel then understands the deep meaning of the Purim festival: after having been close to death, one can come back to life, that is what tradition teaches. The use of laughter, absurdity and derision is vital.
He discovered the Atelier Jacob thanks to the poster of Aloise in 1972. In 1978, he exhibited at the Singuliers de l’art and at the Atelier Jacob. Michel comments: « Madeleine Lommel and Claire Teller, two self-taught artists, visited this exhibition. They were regulars at the Atelier Jacob where they had already seen my dolls. These three artists, who had become friends in 1982, when the Atelier Jacob closed, decided to create the Aracine. In fact, it is the story of Michel and women… from Aloise to Madeleine and Caroline. Having joined, in 1981, the Collection de l’Art Brut, the Fascicules 16 and 26 present his work.