Ouvert en 1983 au public, La Fabuloserie est un lieu imaginé et conçu par l’architecte Alain Bourbonnais pour abriter sa collection art hors-les-normes. Cette expression fut suggérée à Alain Bourbonnais par Jean Dubuffet, qui souhaitait que le terme «art brut» soit réservé à sa collection. Elle désigne des productions insolites réalisées par des autodidactes. Après avoir ouvert une galerie à Paris entre 1972 et 1982, l’Atelier Jacob, Alain Bourbonnais décide de créer, avec son épouse Caroline, un musée qu’il nomme « La Fabuloserie». L’espace se compose d’une « maison-musée » où sont exposées plus de mille créations allant des dessins de Yanko Domsic aux bourrages de Francis Marshall, en passant par l’étonnante production des Turbulents d’Alain Bourbonnais lui-même.
« Avec toute l’ingéniosité de l’architecte qui en avait soupé de l’architecture rationnelle et rêvait d’anarchitecture, Alain Bourbonnais aménagea un parcours initiatique, un labyrinthe avec des chambres à surprises que l’on ouvre subrepticement, quitte à en ressortir avec frisson et horreur, comme dans la chambre noire où s’affalent les bourrages de Marshall. On gravit des escaliers de meunier. On traverse des murs. Tout est étrange. Tout est surprenant. Tout est insolite. Tout vous agresse. Tout vous enchante. »
Michel Ragon, écrivain, historien de l’art et de l’architecture, et critique d’art.